Les voyages d’exploration, assortis d’objectifs coloniaux, reprennent sous le règne d’Henri IV avec le retour de la paix civile et religieuse en 1598.
Pierre Du Gua de Monts, principal bénéficiaire des monopoles de commerce entre 1603 et 1609, et Samuel de Champlain, d’abord comme simple observateur, puis comme chef d’expédition, sont les principaux acteurs de l’exploration du Canada au début du XVIIe siècle, depuis les côtes de l’Acadie jusqu’aux Grands Lacs. En 1603, une expédition de traite et de prospection remonte le Saint-Laurent jusqu’à Hochelaga (Montréal). De 1604 à 1607, Du Gua de Monts dirige une exploration systématique des côtes de l’Acadie et de la Nouvelle-Angleterre jusqu’au Cap Cod pour trouver un site propice à la création d’un établissement colonial. Après avoir fondé Québec en 1608, Champlain remonte au Nord la rivière du Saguenay, au Sud celle de Richelieu (1609) et vers l’Ouest celle des Outaouais jusqu’au Lac des Hurons (1613, 1615-1616).
Dans les décennies suivantes, les explorations se concentrent sur la région des Grands Lacs et prennent une tournure moins officielle. Les principaux acteurs sont les missionnaires mus par le souci d’évangéliser de nouvelles tribus indiennes et, après la destruction de la confédération huronne et de ses réseaux de traite vers 1650, les « coureurs de bois » qui s’aventurent dans les « Pays d’en Haut » pour restaurer le commerce des fourrures indispensable à la survie de la colonie. Après 1663, les explorations sont planifiées et orientées par les autorités de la colonie qui attendent les rapports, journaux et cartes des expéditions.
L’intendant Jean Talon, puis le gouverneur Frontenac, malgré les réticences de Louis XIV et de son ministre Colbert, encouragent le mouvement exploratoire et la prise de possession des terres découvertes au nom du roi. Aux objectifs traditionnels - développement des postes de traite, recherche de gisements miniers, route de la Chine - s’ajoute un facteur nouveau : la nécessité de faire barrage à l’expansion britannique en contrôlant les territoires de l’intérieur. Investie par une compagnie anglaise fondée en 1670 à l’initiative de deux coureurs de bois français, Médard Chouart des Groseilliers et Pierre-Esprit Radisson, la baie d’Hudson cristallise la concurrence franco-anglaise.
Le cartographe Louis Jolliet reçoit de Frontenac la mission de découvrir où se jette la grande rivière que les Indiens appellent « Michissipi ». Accompagné par le père jésuite Jacques Marquette, il se rend en 1673 jusqu’au point de confluence avec l’Arkansas puis rebrousse chemin pour ne pas compromettre le principal résultat de l’exploration : on sait désormais que le Mississippi est orienté vers le Sud et non vers une hypothétique « mer de l’Ouest ». Cavelier de la Salle atteint en 1682 le delta du fleuve par la voie terrestre, où il prend solennellement possession du pays qu’il baptise « Louisiane » en l’honneur de Louis XIV. Malgré une seconde commission confiée à l’explorateur en 1684, l’embouchure du fleuve n’est retrouvée par mer qu’en 1699 par Le Moyne d’Iberville.
La Louisiane, au XVIIIe siècle, sert aussi de point de départ à de nombreuses explorations rendues indispensables pour assurer la sécurité et le développement de la colonie : s’allier aux tribus indiennes bordant le Mississippi et ses affluents, rechercher des ressources nouvelles pour le commerce avec la métropole, ouvrir des relations commerciales avec les colonies espagnoles, sans oublier l’espoir toujours tenace de découvrir le passage vers la « mer de l’Ouest ». Louis Juchereau de Saint-Denis remonte la rivière Rouge jusqu’au pays des Natchitoches en 1714, Bénard de la Harpe, un aventurier malouin, parcourt les hautes vallées de la rivière Rouge et de l’Arkansas en 1719, Étienne Veniard de Bourgmont explore le Missouri en 1723-1724 jusqu’à sa confluence avec le Niobrara (dans le Nebraska), et deux traiteurs canadiens, les frères Pierre-Antoine et Paul Mallet, partis du fort de Chartres au pays des Illinois, traversent en 1739 les grandes plaines jusqu’à Santa-Fe. Enfin une famille d’explorateurs franco-canadiens, les La Verendrye, poursuit la recherche de la mer de l’Ouest dans les années 1730-1740, sillonnant la région des lacs Winnipeg et Manitoba et le haut Missouri.
Publié en mai 2021