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Basse-Terre et Pointe-à-Pitre (1635-1945)

Les villes de Basse-Terre et Pointe-à-Pitre ont été touchées directement par la colonisation française et son organisation administrative notamment en termes de gestion urbaine de l’espace qui s’opère par le biais de la domination coloniale.

Le centre colonial de Basse-Terre (XVIIe-XVIIIe siècles)
 
Basse-Terre est la plus ancienne ville fondée par les Français dans l'archipel de la Guadeloupe au milieu du XVIIe siècle. Elle est située dans la partie occidentale de l'île, dont elle porte le nom, au pied du volcan de la Soufrière. La présence d’un relief difficile qui limite les tentatives d’invasion par voie terrestre, et la proximité des forêts pour le bois, des rivières pour l’eau douce, ont déterminé son emplacement sur un terrain de mornes, près du littoral, entre la rivière Galion et la Rivière aux herbes. Le site initial du Carmel se développe aux abords du fort Saint-Charles qui protège la ville et la rade foraine avec une série de batteries disposées sur le littoral. C'est au XVIIIe siècle, que la ville s'étend ensuite au-delà de la Rivière aux herbes vers le bourg de Saint-François qui s'organise le long d'une plaine alluviale suivant un plan quadrillé adopté par les colons pour l'aménagement d'un port de commerce. La ville haute du Carmel devient ainsi le quartier militaire (artillerie, hôpital, place d'armes), administratif (siège du gouvernement de la colonie) et religieux, tandis que le ville basse qui se développe ensuite marque l'emplacement du port et du quartier marchand avec ses rues commerçantes. 
 
Cependant, la rade foraine de Basse-Terre ne réunit pas les conditions optimales au développement d’un port de commerce, car bien souvent exposée aux vents et à la houle cyclonique. En outre, la ville occupe une position excentrée dans l'archipel, si bien que les Français décident de fonder, après le Traité de Paris (1763), une nouvelle ville au centre de la Guadeloupe près d'une baie abritée du Petit Cul-de-sac Marin : Pointe-à-Pitre.
 
L'essor de Pointe-à-Pitre au XIXe siècle
 
Même si Pointe-à-Pitre a été implantée en bord de mangrove, sur des plaines marécageuses, son site initial offre de biens meilleures conditions de mouillage que la rade plus ancienne de Basse-Terre. Le pouvoir colonial privilégie un lieu sûr (le site du Morne Renfermé) et stratégique pour les facilités de commerce. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, la ville s'organise selon un plan quadrillé avec un découpage orthogonal du parcellaire, des îlots et une place d’Armes excentrée. L’urbanisme diffusé prône un espace rationnellement organisé selon un ordre défini et caractérisé par une sectorisation spatiale du centre colonial. Le bord de mer est occupé par les activités d’échange et de négoce marquées par la présence de magasins, d'entrepôts et les maisons hautes des familles de marchands. Les abords de la place sont occupés par les bâtiments militaires et administratifs, tandis que l'église et ses alentours marquent l'emplacement du quartier religieux. 
 
Si la ville de Basse-Terre reste le siège du gouvernement de la colonie, Pointe-à-Pitre devient le centre des échanges et le principal port de la colonie au XIXe siècle. La ville connaît alors un essor remarquable grâce au développement de l'économie sucrière dans l'île de Grande-Terre, puis à l'implantation de l'usine Darboussier (1867-1869). Au cours de l'entre-deux-guerres, le port de Pointe-à-Pitre profite de la situation nouvelle liée à l'ouverture du canal de Panama, tandis que celui de Basse-Terre connaît un regain d'activité grâce au commerce de la banane. 
 
L'extension des faubourgs  (1848-1945)
 
Des années 1860 jusqu'en 1939, le dynamisme de deux principales villes de la colonie attire de nouveaux habitants qui s'installent dans les faubourgs. Ces quartiers s'étendent aux environs de la ville coloniale, sans plan préétabli, sur des terrains marécageux, des flancs de mornes.ou le long du littoral. Leur trame viaire rompt avec le modèle du plan en damier. À Pointe-à-Pitre, les faubourgs s'organisent linéairement à des chemins ou des cours urbaines, et l'habitat se répartit en îlots de cases en bois d'un ou plusieurs niveaux. C'est l'ancien canal de ceinture (Canal Vatable), creusé vers 1830, puis comblé et transformé en rues, à la fin du XIXe siècle, qui marque le séparation entre le centre colonial et les faubourgs où vivent des populations pauvres, le plus souvent originaires des campagnes, et de plus en plus nombreuses  notamment après le cyclone de 1928 qui détruit en grande partie les villes de Basse-Terre et Pointe-à-Pitre. 

 

C'est après cette catastrophe qu'est introduit le béton armé dans la colonie à l'initiative de l'architecte en chef, Ali Tur, nommé en Guadeloupe (1929-1939). L'architecture moderne qu'il diffuse sert la propagande coloniale qui accompagne les célébrations du Tricentenaire du rattachement des Antilles à la France (1635-1935). Seuls les quais des deux principaux ports de la colonie, ainsi que les édifices publics tels que le palais du Gouverneur, le tribunal de Basse-Terre, sont reconstruits. Cependant, rien n'est prévu pour l'amélioration de l'habitat des faubourgs. Pour cela, il faut attendre le Front Populaire, et la nomination en Guadeloupe du gouverneur Félix Éboué (1936-1938), pour que soit décidé le premier programme hygiéniste de construction d'une cité ouvrière dans les faubourgs de Pointe-à-Pitre. Toutefois, le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale met fin au projet.
 
 
 
Publié en juin 2023
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