Plantes vénéneuses de la Chine, gravées et imprimées en couleur par les missionnaires jésuites
"Il s'agit dans les trois volumes uniquement de dessins rehaussés de couleurs qui ne sont ni gravés ni imprimés. « Plantes vénéneuses » ne correspond que très partiellement au contenu, la plupart des plantes représentées étant dépourvues de toxicité."
Le Tome I de cet ensemble de trois manuscrits porte en titre: « Plantes de la Chine peintes et dessinées par des missionnaires ». Le Tome II est intitulé : « Collection des Plantes Vénéneuses de la Chine Gravées et imprimées en couleurs par des Missionnaires Jésuites ». Le titre du tome III reprend celui du Tome II mais « Gravées et imprimées » a été barré. De fait, il s'agit dans les trois volumes uniquement de dessins rehaussés de couleurs qui ne sont ni gravés ni imprimés. « Plantes vénéneuses » ne correspond que très partiellement au contenu, la plupart des plantes représentées étant dépourvues de toxicité.
Cet ensemble est formé de 313 pages de deux qualités de papier différentes, sur lesquelles sont représentées une ou deux plantes, à une ou deux exceptions près. Lorsque deux plantes sont représentées sur la même feuille c'est qu'elles sont homonymes mais d'origines géographiques différentes; fréquemment elles ne sont pas de la même espèce botanique. On remarque, en général, des caractères chinois au dessus et sur le côté droit ou gauche des dessins. L'inscription supérieure est le nom de la plante précédé du nom de sa région d'origine, la lecture se faisant de droite à gauche. L'inscription latérale, quand elle est complète, apporte quatre types d'informations. La plus haute inscription indique la catégorie dans laquelle la plante est classée; légèrement sur la gauche de cette inscription, avec un décalage vers le bas, le nom est repris sans précision de lieu. Au dessous, en caractères plus petits, indication du degré de toxicité, de non à très toxique. Encore au dessous est précisé le port de la plante.
Cet ensemble est une copie partielle des illustrations figurant dans le manuscrit d'une pharmacopée commandée par l'empereur Hong Zhi et achevé en 1505, intitulée Bencao pin hui jing yao 本草品彙精要 (Essentiel de la pharmacopée rangé par nature et efficacité). Ce manuscrit resta dans la bibliothèque impériale et ne fut pas imprimé par la suite. Si la provenance d'un ensemble de dessins similaires, conservée dans la Bibliothèque de l'Institut peut être attribuée sans aucun doute au Père Pierre le Chéron d'Incarville, missionnaire jésuite qui résida à Pékin, en revanche, l'origine de ce manuscrit-ci n'est pas connue. Il peut s'agir d'une copie de la même source que celle qu'avait utilisée le Père d'Incarville, ou bien de l'ensemble de planches qu'un autre missionnaire jésuite, le Père Louis Lecomte avait fait réaliser un siècle plus tôt. Néanmoins, l'état du manuscrit incite à y voir un « travail en cours » préparatoire à une édition comme le laisse supposer le titre du recueil. On relève en effet des différences entre les trois volumes, 31 planches du premier ne portent aucune inscription, tandis qu'on n'en compte qu'une seule dans ce cas dans les deux autres. Les illustrations de ces planches sans légendes sont réalisées sur un support papier différent de celui utilisé pour les autres. En revanche la qualité des représentations est remarquablement comparable à celle du manuscrit de la Bibliothèque de l'Institut, et très proche des images figurant dans le manuscrit original conservé au Japon dans la bibliothèque de la Fondation Takeda, à Osaka.
La copie des planches que le Père d'Incarville avait fait faire est certainement la source du livre que Pierre Joseph Buc'hoz publia en 1781, Herbier ou collection des plantes médicinales de la Chine.