Plantes textiles et diverses espèces de mûriers

Accéder au document

Ce recueil est arrivé au Cabinet des Estampes en 1762. L'auteur n'est pas indiqué, mais cet ensemble acquis du Père Pourchot après la dissolution de la Compagnie de Jésus, est donc l'œuvre d'un des missionnaires jésuites qui se trouvaient à Pékin (Beijing) avant cette date ou bien d'un assistant chinois.

On y voit les représentations de 16 plantes pouvant avoir un lien avec le textile, soit directement par leurs fibres, - ce sont toutes les 12 dont le nom contient le morphème  麻 ma -, soit indirectement, dans le cas des mûriers aux feuilles nourriture des vers à soie. Cet ensemble est intéressant car on peut penser qu'il renseigne sur les plantes textiles utilisées en Chine jusqu'à la moitié du XVIIIe siècle au plus tard.

Voici les identifications des  noms de ces plantes pour chaque page. La transcription est le hanyu pinyin.

1 苎麻  zhùmá Bohemeria nivea (L.) Gaud. ; ramie  
   胡麻 húmá Sesamum indicum L. ; sésame
2 大麻 dàmá Cannabis sativa L.; chanvre   
3 雞桑     jīsāng  Morus australis Poir.; Japanese mulberry
4 Le caractère seul désigne le chanvre mais le dessin ne correspond en rien à cette plante.
5 蓖麻 bìmá  Ricinus communis L.; ricin
6 亞麻子    yàmázi Linum usitatissimuum L. ; lin
  蕁麻 qiánmá Urtica sp.: ortie
7 赤箭天麻 chìjiàn tiānmá Gastrodia elata Bl.; une orchidée          
  升麻 shēngmá Cimicifuga foetida L.; cimicaire, chasse-punaise
8 苘麻 qĭngmá Abutilon theophrasti Medicus; abutilon
  田麻 tiánmá Corchoropsis tomentosa (Thunb.) Makino
9 sāng Morus alba L.; mûrier blanc, mûrier commun
10 麻黄                 máhuáng Ephedra sinica Stapf ;  éphèdre
11 桑寄生 sāngjìshēng Loranthus parasiticus (L.) Merr.
12 扶桑       fúsāng Hibiscus rosa-sinensis L.; hibiscus De Chine, rose de Chine

Il est frappant de constater que les dessins de ces plantes sont pour la plupart  très éloignés de représentations réalistes et même, dans la plupart des cas, sans rapport avec l'espèce botanique qui correspond au nom chinois. Leur style est proche de celui qu'on peut observer dans les pharmacopées chinoises jusqu'au XIXe siècle. L'intérêt de ce recueil réside donc surtout dans les noms qui pourraient donner une idée des plantes textiles jusqu'au XVIIIe siècle. Cependant, dans les ouvrages chinois d'agriculture, on trouve seulement mentionnés  chanvre, ramie, abutilon, lin, jute, kapokier de l'Inde mùmián (Bombax malabaricum DC.) et kudzu ( Pueraria lobata (Willd.) Ohwi). On le constate immédiatement, cette liste est plus réduite mais éclaire sur une anomalie dans la planche 10; l'éphèdre mahuang, représentée correspond bien au nom en caractères chinois tandis que  huangma, la transcription figurant au dessous des deux caractères 麻 et 黄 au lieu de mahuang, désigne bien le jute (黄麻 Corchorus capsularis L.). Les plantes non citées comme textiles dans les traités d'agriculture, sésame, ricin, ortie, cimicaire, sont toutes médicinales et oléagineuses. De même, les feuilles de loranthus et hibiscus sont médicinales et non destinées aux vers à soie. Il apparaît donc que l'auteur s'est appuyé essentiellement  sur des ouvrages de matière médicale pour réaliser cet ensemble et de plus en étant influencé par une catégorie populaire malei麻類 « catégorie du chanvre » qui englobe plantes textiles et/ou oléagineuses.

 

Légende de l'image : planche n°12, fúsāng 

 

Réduire l'article ^