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Journal du siège de Louisbourg
En 1758, pendant la Guerre de Sept Ans, la forteresse de Louisbourg, essentielle à la défense de la Nouvelle-France, a été une des premières cibles par les Britanniques pour la conquête de la colonie française. Sous cette menace anglaise, le régiment de Cambis quitte la France en avril 1758 à bord de quatre vaisseaux et d’une frégate : le Dragon, le Hardy, le Belliqueux, le Sphinx et le Florissant. Un officier du deuxième bataillon débute alors la rédaction de son journal pour nous laisser un portrait de cette période de sa vie, de la traversée de l’Altantique vers Louisbourg, du siège de la forteresse par les Anglais, de son séjour en Angleterre comme prisonnier de guerre et de son retour en France en mai 1759. A travers les entrées presque quotidiennes, deux grands thèmes ressortent de ce récit.
Le premier thème touche la santé. L’officier souligne fréquemment que la bonne santé de tous ceux à bord est primordiale. L’officier dénombre également les malades et les morts de toute l’escadre de la France à Louisbourg et de Louisbourg à l’Angleterre. Il note qu’alors que le voyage vers l’Angleterre est fatal pour 24 personnes, celui vers Louisbourg ne l’ai que pour 3 personnes. De plus, d’après l’officier, la fièvre est la principale cause de maladie sur les navires de la France au Canada, mais lorsqu’il est amené en Angleterre, le mal de mer prédomine cette traversée. Enfin, l’auteur détaille les blessures subies par les soldats durant le siège de la forteresse et donne également la liste des morts durant cette bataille.
Le deuxième thème porte sur l’environnement. Durant la traversée, les premières lignes de chaque entrée du journal contiennent toujours la latitude et la longitude, ainsi que la distance parcourue durant les 24 dernières heures. La nature y est également décrite systématiquement. Par exemple, la provenance, la force et les changements de directions des vents, essentiels à la navigation, se retrouvent dans chaque entrée. Il décrit également l’apparition d’icebergs durant la traversée. Les animaux font aussi l’objet de plusieurs entrées. Ainsi, lorsque l’escadre est sur le point d’arrivée à Louisbourg, l’auteur mentionne des oiseaux blancs, plus gros que des pigeons. Une autre entrée indique que tous à bord étaient très heureux de voir des marsouins jouer dans l’eau
Finalement, même si nous ne connaissons pas le nom de l’auteur du journal, quelques indices nous permettraient peut-être de le trouver. Peu avant son départ de la France en mai 1758, il indique sa visite de trois autres vaisseaux, le Dragon, le Hardy et le Belliqueux. Lorsque l’escadre fait voile, il mentionne que le Florissant se trouvait près de son vaisseau. Par déduction, l’officier se trouvait vraisemblablement à bord du Sphinx. En plus, nous savons qu’il est arrivé à Plymouth en Angleterre en septembre 1758 et qu’il est de retour à Saint-Malo le 29 avril 1759. Une recherche des registres de Plymouth et de Saint-Malo nous permettrait peut-être de trouver cet officier qui nous a laissé une source incontournable pour les études sur Louisbourg, la Nouvelle-France, la France et la Guerre de Sept Ans.
Publié en mai 2021