Cartes Marines

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Les collections du Service hydrographique de la Marine proposent dans leur fonds ancien 91 cartes européennes décrivant le littoral chinois depuis l’île de Hainan jusqu’à Ningbo et datées de 1667 à 1801.

La première formation des archives de la Marine remonte à Colbert, mais il faut attendre 1720 pour voir la création d’un « Dépôt général des cartes et plans, journaux et mémoires de la Marine ». Chargé initialement de collecter et conserver les documents hydrographiques sur les côtes du monde entier, ses missions ont été élargies à partir de 1737 à la production de nouvelles cartes marine, dont il acquiert le monopole pour la France en 1774. En 1947, le Service hydrographique de la Marine, héritier de ses missions et de ses collections, dépose au département des Cartes et plans de la Bibliothèque nationale près de 15 000 pièces antérieures à 1800, classées chronologiquement par grandes régions côtières en 224 portefeuilles. Plans des villes côtières, parcellaires de zones côtières, trajectoires de navigateurs, scènes de combats sur mer, cartes de courants marins, cartes topographiques d’entrée de rivières, croquis et vues de côtes et d’îles, cartes marines de toutes les parties du monde forment un ensemble d’un grand intérêt pour l’histoire de la marine, de la navigation, des explorations maritimes, des techniques de levés hydrographiques et de restitution cartographique, mais aussi pour l’histoire politique, coloniale, administrative et militaire.

Le portefeuille 179 du Service hydrographique est consacré aux cartes des côtes chinoises : son fonds ancien  comprend 91 cartes, datées de 1667 à 1801, décrivant le littoral chinois depuis l’île de Hainan jusqu’à Ningbo. On y remarque plusieurs portulans, cartes marines sur parchemin, ici majoritairement d’origine hollandaise ou anglaise. Les provinces de Hainan, Guangdong, Fujian et Zhejiang sont celles par lesquelles les Européens ont abordé la Chine à l’époque moderne. L’île de Shang Chuan a accueilli la première tentative d’installation portugaise, dans les années 1550 : saint François Xavier y décède en 1552.  En 1557, les Portugais reçoivent la permission officielle d’occuper le port de Macao, qui devient rapidement un comptoir commercial prospère. Au fil du XVIIe siècle, les navigateurs hollandais tentent à leur tour de s’implanter dans la région (à Taïwan, dans le Guangdong et le Fujian, sur l’île d’Amoy), mais échouent à établir des positions stables : leurs cartes sont néanmoins diffusées à travers toute l’ Europe, et enrichissent la connaissance française des côtes chinoises. Cette dernière est également nourrie des récits des missionnaires jésuites en Asie, qui ont aussi pu faire œuvre cartographique. Sous l’influence du père Joachim Bouvet, une première expédition commerciale française est organisée en 1698-1701. A bord du vaisseau « l’Amphitrite », l’ingénieur hydrographe de la Marine François Froger réalise une série de cartes décrivant le delta du  Zhujiang et la baie menant à Canton, porte d’entrée officielle des Occidentaux en Chine. Les navires mouillent en rade de Wampou, dont les îles fluviales ont été attribuées chacune à une nation européenne. Plusieurs documents de ce portefeuille, dont un portulan, nous permettent de suivre le séjour d’un navire français, « le Solide », dans la baie de Canton en 1711-1712. Le commerce franco-chinois prend de l’ampleur à partir de 1730, encadré par la Compagnie des Indes : ses cartographes, basé à Lorient, travaillent à préciser les données nécessaires aux navigateurs français. A la fin du XVIIIe siècle, les Britanniques prennent l’ascendant sur les autres nations dans les échanges avec la Chine, et l’Hydrographical office de Londres produit de nombreuses cartes.

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