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La mer de l'Ouest

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Du XVIe siècle au XVIIIe siècle, les explorateurs, les géographes et le pouvoir royal n’abandonnent pas la recherche d’un passage permettant une communication aisée entre l’Atlantique et le Pacifique et, de la sorte, un accès plus direct aux trésors des Indes orientales.

En 1524, Giovanni Verrazano croit distinguer en Caroline du Nord une « Mer orientale » baignant l’extrémité de l’Inde et de la Chine. Jacques Cartier, puis Samuel de Champlain au XVIIe siècle, pensent avoir découvert la voie de passage dans l’axe formé par le Saint-Laurent et le réseau des Grands Lacs. Le Mississippi est également porteur de grands espoirs : Jolliet et Marquette en 1672 ont pour mission de vérifier s’il se décharge bien dans la « mer de Californie ».

Sur les rapports des Indiens, l’idée d’une mer particulière, au nord de la Californie, se fait jour au milieu du XVIIe siècle. Les géographes s’emparent très vite de cette hypothétique « mer de l’Ouest » et lui donnent une existence cartographique. La famille Delisle est au cœur de cette illusion géographique.

En 1699, le jeune Guillaume Delisle, futur premier géographe du roi et membre de l’Académie des Sciences, fait ainsi figurer la « mer de l’Ouest » sur un globe manuscrit. À partir de 1717, le Conseil de Marine et le Régent lui-même s’y intéressent de près. Envoyé en mission au Canada, le père jésuite Charlevoix, au cours d’un périple de trois années (1720-1722) qui le mène de Québec à La Nouvelle-Orléans, enquête consciencieusement auprès des colons et des autochtones qu’il rencontre. Il recommande à son retour de prospecter dans le pays des Sioux à l’ouest du Lac Supérieur, sans exclure formellement la voie du Missouri. Vers 1730 le contexte politique est favorable à une reprise de l’expansion. C’est alors que commencent les explorations des La Vérendrye dans les grandes plaines.

Malgré l’absence de découvertes concluantes, l’idée d’une « mer de l’Ouest » est relancée en 1750 par Joseph-Nicolas Delisle et Philippe Buache, tous deux éminents géographes et respectivement frère et gendre de Guillaume Delisle. L’affaire des pseudo-découvertes de l’amiral espagnol de Fonte va diviser la communauté scientifique française jusqu’au voyage de La Pérouse. Directeur de l’Observatoire de Saint-Petersbourg pendant une vingtaine d’années, Joseph-Nicolas Delisle présente en avril 1750 les résultats des voyages de Béring devant l’Académie des Sciences. Il y joint une Lettre de l’amiral de Fonte évoquant un voyage d’exploration effectué en 1640 sur le littoral Pacifique de l’Amérique du Nord. Malgré tous les doutes pesant sur la réalité de cette expédition, Philippe Buache en utilise les résultats pour combler l’un des derniers blancs de la carte d’Amérique et compléter le tracé de la mer de l’Ouest laissé inachevé par Guillaume Delisle... En relevant systématiquement les côtes entre Mont Saint-Élie et Monterey, La Pérouse, en 1787, mettra fin à ce mythe cartographique.

 

Publié en mai 2021

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