Fondée par le ministre de l’Instruction publique Victor Duruy, historien proche de Napoléon III, l’EPHE est d’abord divisée en quatre sections : Mathématiques, Physique et chimie, Histoire naturelle et physiologie, Sciences historiques et philologiques. Elle a pour but de « placer à côté de l’enseignement théorique les exercices qui peuvent le fortifier et l’étendre », selon l’article premier du décret du 31 juillet 1868. Une cinquième section pour les Sciences religieuses est fondée en 1886, dans laquelle est créée une chaire pour les religions de l’Inde. Ces deux chaires ont participé jusqu’à nos jours à la formation des indianistes et aux échanges constants entre les savants européens et indiens.
La chaire de langue sanskrite est d’abord tenue par Eugène Louis Hauvette-Besnault, directeur d’études, et Abel Bergaigne, d’abord répétiteur puis maître de conférences et directeur d’études jusqu’à sa mort prématurée en 1888 suite à une chute en montagne. Conservateur à la bibliothèque de l’université de Paris, Hauvette-Besnault a poursuivi la publication monumentale de l’édition et de la traduction du Bhāgavatapurāṇa initiée par Eugène Burnouf. Il publia le quatrième volume en 1884 et commença à travailler sur le cinquième et dernier volume qui parut en 1898, dix ans après sa mort, par les soins d’un de ses élèves de l’EPHE, Alfred Roussel. Grammairien de haut-vol, Abel Bergaigne avait accompagné ses cours de la publication d’un Manuel pour étudier la langue sanscrite, réédité en 1890 par son élève Victor Henry. Son expertise sur le sanskrit védique lui permit de publier, entre autres, La religion védique d’après les hymnes du Rig-Veda, ouvrage en quatre volumes qui fit autorité.
Hauvette-Besnault et Bergaigne sont rejoints en 1885 par Sylvain Lévi qui devint l’année suivante maître de conférences pour les religions de l’Inde à la Ve section nouvellement créée. Élu en 1894 au Collège de France, il continua d’assurer des enseignements dans les deux sections de sciences humaines, secondé par de brillants élèves comme Louis Finot à la IVe section ou Alfred Foucher à la Ve section. Sylvain Lévi s’appuya sur les manuscrits bouddhiques en sanskrit conservés à la Bibliothèque nationale pour mener ses premiers cours à l’EPHE.
En 1930, Louis Finot est remplacé par Louis Renou qui enseigna jusqu’à sa mort en 1966. Son activité est indissociable de celle de Jean Filliozat, pour qui est créée une chaire de philologie indienne en 1945. Les années d’entre-deux guerres sont également marquées par l’enseignement, souvent bénévole, de Nadine Stchoupak, qui participe également aux activités de l’Institut de civilisation indienne avec son maître Sylvain Lévi.
Dès la création de l’EPHE, la chaire de langue sanskrite était distincte de la chaire de grammaire comparée occupée par Michel Bréal jusqu’en 1915. Abel Bergaigne y donna également des conférences. Antoine Meillet succéda à Bréal à la direction d’études de 1915 à 1927, secondé par Robert Gauthiot. En 1919, l’indianiste Jules Bloch remplaça Gauthiot jusqu’à sa mort en 1951. Par ses enseignements sur différentes langues de l’Inde, Bloch renforça la place des études indiennes au sein de l’EPHE ainsi qu’au Collège de France où il fut élu en 1937 en remplacement de Sylvain Lévi. Ce fut Armand Minard qui lui succéda, poursuivant l’enseignement du volet indien au sein du comparatisme, aux côtés d’Émile Benveniste, directeur d’études de 1927 à 1969, élu également au Collège de France en 1937.
La IVe section de l’EPHE s’est également dotée d’une chaire d’histoire et philologie de l’Inde médiévale et moderne créée en 1963 pour Charlotte Vaudeville, qui donna ses premiers cours dans la ville de Pune au Maharashtra. Elle avait alors pour élève Nityanand Tiwari qui fut ensuite professeur de hindi à l’université de Delhi.
La chaire des religions de l’Inde inaugurée par Sylvain Lévi fut également animée par Alfred Foucher, d’abord comme maître de conférences dès l’année 1894, puis comme directeur adjoint en 1907 et directeur d’études en 1913 jusqu’à sa retraite en 1936. Il mena ces enseignements en parallèle d’autres fonctions académiques à la Sorbonne où il fut nommé professeur, à l’École française d’Extrême-Orient qu’il dirigea, ou à l’Institut de civilisation indienne qu’il contribua à fonder en 1928. Cette chaire accueillit parallèlement l’enseignement de Paul Masson-Oursel (1927-1953) et Olivier Lacombe (1947-1971). Madeleine Biardeau y fut nommée directrice d’études en 1960 et accueillit Anne-Marie Esnoul comme maître de conférences en 1965, avant que cette dernière ne remplace Olivier Lacombe en 1972.
Les enseignements sur les textes et les religions de l’Inde à l’EPHE, consolidés par de nouvelles chaires, se poursuivent de nos jours.
Publié en juillet 2024