L’aventure de Jean-Baptiste Gentil en Inde, où il passe vingt-cinq ans, est mêlée de succès et de revers. Tout commence quand le jeune chevalier de 26 ans, attiré par les richesses du pays lointain, quitte le territoire français pour entrer en service de la Compagnie des Indes.
En service de la Compagnie des Indes
Après cinq mois de voyage en mer, Gentil atteint Pondichéry le 13 juillet 1752. De là, il va à Hyderabad où il assume son poste d’enseigne d’infanterie sous le commandement du marquis de Bussy. À la capitale du Nizam, le nouveau débarqué découvre la vie courtoise, les mœurs du pays, et réalise des progrès rapides en langues indigènes.
Il contribue aux succès militaires de la Compagnie sous le commandement de Bussy, Dupleix, Law de Lauriston, de Conflans et Lally-Tollendal. En 1761, après l’abandon des comptoirs de Pondichéry et Chandernagore aux Anglais, les officiers français devaient unir leurs forces avec les princes.
À la cour de Mir Qasim Ali Khan au Bengale
Gentil se rend à la cour du nabab Mir Qasim où il se lie d’amitié avec le premier ministre Gourghin Khan dont il était l’attaché. Témoin de l’assassinat du ministre sous les ordres du nabab, le jeune Français a été bouleversé par les atrocités commises par le prince.
Gentil réclame quelques soldats anglais comme étant français pour les sauver du massacre ordonné par le nabab à Patna. À son tour, ce dernier invite Gentil à renoncer à son conseil. Son nouvel emploi l’emmène à la cité antique d’Awadh.
Près de Shuja-ud-Daula à Awadh
En qualité d’aide du camp de Shuja-ud-Daula, prince d’Awadh, Gentil effectue une négociation réussie avec le Général Carnac à la bataille de Buxar (1764) après une défaite humiliante des armées alliées de Mir Qasim, Shuja et Shah Alam II contre les Anglais.
Décoré du titre de Résident Français à la cour d’Awadh, Gentil reçoit un salaire de 30.000 roupies chaque année, consacrant cette somme à la conception de sa collection et à la bienfaisance des Français errant dans le pays. Chevalier de l’ordre de Saint-Louis, il réunit un corps de six cents soldats français employé par le prince, protecteur des Français, à qui Gentil dédie ses Mémoires.
Après la mort du prince, son fils Asaf-ud-Daula renvoie Gentil sous la pression des Anglais. En 1775, il quitte Faizabad avec sa famille et reste à Chandernagore jusqu’à son retour en France en 1778.
Retour en France
Dès son retour, Gentil dépose sa collection à la Bibliothèque du Roi, refusant l’offre de 120.000 roupies par les Anglais pour acheter sa collection. Il est récompensé par le brevet de colonel. En 1788, il sert d’interprète à l’ambassade de Tipu Sultan à Versailles. Arrivée la Révolution, Gentil perd sa pension militaire et passe une vie modeste à Bagnols jusqu’à sa mort à 73 ans entraînée par une attaque de paralysie.
La vie et l’œuvre de Jean-Baptiste Gentil, militaire, diplomate, écrivain et collectionneur, mérite sa place dans l’histoire partagée entre la France et l’Inde.
Publié en mai 2023