Connaître l’Orient : une perspective européenne
A l’époque moderne, le monde de l’Islam et de la chrétienté sont souvent décrits comme des mondes antagonistes et irréconciliables. Or, si seule la voix de l’idéologie avait parlé, les deux camps seraient restés face à face, chacun sur son bord de la frontière. Ils se seraient repliés sur leurs certitudes respectives et n’auraient eu de relations entre eux que sur le mode de l’affrontement. Néanmoins, l’examen des faits montre qu’il n’en est rien et qu’au cours des siècles de multiples voix dissonantes se sont fait entendre. Ce sont, pour les deux parties, les voix du réalisme politique, du pragmatisme commercial, de l’attrait de l’exotisme, de l’imitation technologique, de la connaissance orientaliste et de la spéculation philosophique.
Frédéric Hitzel, docteur en histoire, chargé de recherche CNRS, Centre d’Études Turques, Ottomanes, Balkaniques et Centrasiatiques (CNRS-EHESS-PSL)