Entre 1870 et la Première Guerre mondiale, 3,5 M. de Polonais, dont un tiers de Juifs, quittent les provinces correspondant au territoire de la Pologne avant 1795 pour l’Allemagne, les Etats-Unis et le Brésil et plus tard la France.
En 1914, ils sont à peine 10 000 en France et travaillent essentiellement dans l’agriculture. La pression démographique demeure forte dans la Pologne indépendante alors que la France a connu une saignée et manque de main d’œuvre. La France ouvre ses portes et facilite l’accession à la nationalité en 1927 alors que les Etats-Unis conduisent une politique isolationniste et restreignent l’immigration.
En 1919, les deux pays signent une convention d'accueil. En 1924, les divers organismes de recrutement en Pologne se fédérèrent autour de la S.G.I. : la Société Générale d'Immigration. La plupart des immigrants transitent par Toul. Les "Westphaliens" constituent un cas particulier du fait de leur citoyenneté allemande. Nombre d’entre eux optent pour la nationalité polonaise et partent directement pour la France. En 1923, l'occupation de la Ruhr entraîne un nouvel afflux. Entre 100 et 130.000 "Westphaliens" s’installent en France.
La très grande majorité des Polonais employés dans l'industrie le sont dans les mines de charbon ou de fer. En 1926, près de 45% des Polonais installés en France résident dans le Nord-Pas-de-Calais et en Lorraine. L’immigration polonaise en France atteint culmine en 1931 avec plus de 500 000 individus et constitue la deuxième population étrangère après les Italiens. La crise des années 1930 entraîne des expulsions en particulier de syndicalistes et de militants de gauche. En 1936, on dénombre 422 700 Polonais en France. Le dynamisme de la vie associative, une tradition qui remonte à la « Grande émigration », et l’attachement au catholicisme sont perçus à tort, à l’époque, comme un frein à l’intégration.
Les Juifs constituent 15% des immigrés polonais. Ils fuient la Pologne en dépit de l’égalité des droits et la liberté de culte accordées par la constitution de 1921. Cette immigration urbaine se concentre à Paris, c’est le cas pour l’ensemble des Juifs d’Europe centrale et orientale, dans le quartier Saint-Paul, le Pletzl (« petite place » en yiddish), ainsi qu’à Belleville dans le 19ème et le 20ème arrondissement. Ce n’est pas une communauté homogène et il existe de fortes oppositions entre religieux traditionalistes et tenants du socialisme. Les métiers exercés trahissent une certaine précarité - marchands ambulants, forains, brocanteurs, tailleurs, confectionneurs, tricoteurs et cordonniers compensée par un vaste réseau associatif. La France est considérée comme une terre d’asile même si l’antisémitisme se fait plus virulent dans les années 30.
Publié en août 2017
Légende de l'illustration : membres de l'association devant le siège de l'association et de la Chambre de commerce franco-polonaise, au 7 rue de Poitiers, Paris, 7e, par l'agence Rol. 1922