Napoléon Bonaparte est l’un des héros principaux de la littérature et de l’art polonais de l’époque romantique. Les thèmes napoléoniens demeurent vivants dans la seconde moitié du XIXe et au XXe siècles.
Les guerres napoléoniennes, la participation des Polonais à ces guerres, les espoirs d’indépendance qu’elles suscitent et le personnage de l’empereur des Français inspirent pendant des décennies des discussions, ainsi que des productions littéraires et artistiques.
Le héros – Napoléon
Parmi les œuvres dites napoléoniennes, c’est-à-dire inspirées par la figure de l’Empereur, une place importante est réservée à des portraits de l’Empereur, en véritable « dieu de la guerre », en chef militaire charismatique.
Piotr Michałowski, le peintre le plus remarquable du romantisme polonais, peint à plusieurs reprises des portraits imaginaires de Napoléon. Il y montre un chef d’armée héroïque et solitaire sur une monture blanche. Ses oeuvres perpétuent la tradition séculaire des portraits équestres de souverains (Napoléon à cheval=Napoleon na koniu, après 1846, MNW).
Les soldats polonais dans les batailles napoléoniennes
Les grandes batailles constituent l’un des sujets napoléoniens les plus importants. Pour les peintres polonais, les batailles auxquelles participèrent leurs compatriotes revêtent une signification particulière. Les scènes de bataille de l’épopée napoléonienne sont exécutées entre autres par : Piotr Michałowski, January Suchodolski, Juliusz Kossak i Wojciech Kossak.
La bataille de Somosierra (30 novembre 1808), et plus particulièrement la charge folle des chevau-légers polonais, occupe ici une place exceptionnelle. Cet événement ouvrira à Napoléon le chemin vers Madrid et lui permettra de poursuivre la campagne d’Espagne.
Cette bataille est pour les Polonais le symbole du courage, de l’héroïsme et de la loyauté des soldats polonais. De nombreux artistes polonais ont traité ce sujet mais les œuvres de Piotr Michałowski occupent une place particulière dans l’iconographie de cette célèbre bataille. Il lui consacre plusieurs oeuvres, en représentant de façon extrêmement vivante l’élan et le tourbillon de cette charge célébrissime (entre autres: Piotr Michałowski, La bataille de Somosierra=Bitwa pod Somosierrą, vers 1840-1844, MNW).
Les héros de la nation
Nombre de ces héros de l’époque napoléonienne sont entrés dans le panthéon national polonais.
Se distingue parmi eux Jan Henryk Dąbrowski, créateur des Légions polonaises en Italie, qui furent le noyau de l’armée polonaise combattant aux cotés de Napoléon. Ce héros est immortalisé dans les paroles de l’hymne national polonais (January Suchodolski, L’entrée du général Dąbrowski à Rome=Wjazd generała Jana Henryka Dąbrowskiego do Rzymu, avant 1850, MNW). Citons également Jan Kozietulski, commandant de la charge de Somosierra (Józef Sonntag, Kozietulski à la tête de l’escadron dans le ravin de Somosierra=Kozietulski na czele szwadronu w wąwozie Somossiery, 1818, MNW). Parmi ces personnages, une place exceptionnelle échoit au prince Józef Poniatowski, neveu du dernier roi de Pologne, unique étranger ayant reçu des mains de Napoléon le titre du maréchal de France (January Suchodolski, Le prince Józef Poniatowski devant le front des grenadiers=Książę Józef Poniatowski przed frontem grenadierów, 1857, MNW).
La mort héroïque du prince dans les flots du fleuve Elster, au cours de la retraite suite à la bataille de Leipzig, est devenue l’un des épisodes majeurs de l’épopée napoléonienne dans l’art polonais et européen.
Les soldats anonymes
La peinture polonaise fait une place importante aux soldats ordinaires, souvent anonymes, nombreux pendant les guerres napoléoniennes comme dans toutes les guerres. On peut voir par exemple un guerrier au combat dans Un chevau-léger en attaque=Szwoleżer atakujący de Henryk Pillati, (la seconde moitié du XIXe, MNW). De son côté January Suchodolski a représenté des soldats en service ou au repos dans son Le bivouac des uhlans polonais à Wagram= Biwak ułanów polskich pod Wagram (1859, MNW).
L’un des plus beaux tableaux napoléoniens dans la peinture polonaise est sans doute Le défilé des armées devant Napoléon=Defilada przed Napoleonem de Piotr Michałowski (environ 1837, MNW).
C’est une représentation de l’unité préférée de l’empereur, constituée des chasseurs à cheval de la garde qui galopent devant leur chef, dont la silhouette légèrement en retrait est déplacée du centre du tableau.
Napoléon législateur
Créé par Napoléon, le Duché de Varsovie est doté d’une constitution fondée sur le Code Napoléon. L’acte de cession a lieu à Dresde le 22.07.1807. Cet événement est représenté par Marcello Bacciarelli dans le tableau Napoléon remet la Constitution au Grand-Duché de Varsovie=Nadanie Konstytucji Księstwu Warszawskiemu przez Napoleona (1811, MNW)
La peinture allégorique
L’iconographie napoléonienne est riche en scènes allégoriques destinées à glorifier les succès militaires et politiques de l’Empereur.
Le tableau de Józef Peszka La scène allégorique avec Napoléon= Scena alegoryczna z Napoleonem (après 1810, MNW), est un tableau allégorique assez particulier. Il prend sa source dans le IVe livre de l’Eneide de Virgile, l’abandon de Didon par Enée. Didon mourante, représentée avec la couronne, un aigle héraldique à ses pieds, symbolise la Pologne. L’autre femme, la soeur de Didon, Anna, est la représentation de Maria Walewska, aimée de Napoléon. Elle soutient d’une main la mourante, l’autre, dans un geste d’imploration, est levée vers un cavalier dominant le groupe de femmes. Ce personnage c’est Enée – Napoléon, indifférent aux supplications.
Portraits de personnalités polonaises et étrangères de l'époque napoléonienne
Outre les représentations de Napoléon et des grands héros de l’épopée napoléonienne, les scènes de batailles et les représentations allégoriques, on trouve également des portraits de personnalités ayant joué un rôle éminent dans la politique et la culture polonaises de cette époque. Ils constituent un ensemble considérable dont le Portrait du général Józef Zajączek=Portret generała Józefa Zajączka (peintre inconnu avant 1826, MNW), l'un des Polonais dont le nom apparaît sur l'Arc de Triomphe à Paris ou celui de madame la générale Dziekońska (Portret generałowej Dziekońskiej, Jan Pfeifer, 1812, MNW) habillée selon les canons de la mode du Premier Empire.
Légende de l'illustration : Defilada przed Napoleonem. P. Michałowski. 1837