Palestine

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Les premières fouilles scientifiques en Palestine furent initiées il y a plus de 150 ans par des savants français. En raison du statut particulier de la Terre sainte, l’archéologie y a toujours revêtu des enjeux spécifiques.

Lorsque l’empereur Constantin entreprit de retrouver le tombeau de Jésus, en 325 apr. J.-C., il inaugurait d’une certaine manière l’archéologie en Palestine. La recherche de reliques n’était cependant pas scientifique.

Les premières approches quelque peu critiques et argumentées sont apparues dans la première moitié du XIXe siècle, notamment dans l’Itinéraire de Paris à Jérusalem de Chateaubriand ou les Biblical Researches in Palestine d’E. Robinson. Au même moment, les dessins d’architecture quittaient progressivement le domaine de l’illustration des récits de pèlerins pour celui de la documentation scientifique grâce à L.-F. Cassas ou à L. de Laborde.

Toutefois, ce n’est qu’au début de la deuxième moitié du XIXe siècle que l’archéologie se développa réellement en Palestine. Jusqu’alors, la législation interdisait de procéder à des fouilles ou de pénétrer dans l’enceinte de l’esplanade des mosquées, l’ancien mont du Temple, principal objet des questionnements sur la Jérusalem antique. La levée des contraintes réglementaires ainsi que l’établissement de communautés religieuses et de consulats occidentaux favorisèrent les recherches et la constitution des petits musées. L’engouement était d’autant plus fort que l’archéologie avait vocation à vérifier l’histoire biblique, récemment mise en cause par les théories de Darwin sur l’évolution des espèces et celles de Boucher de Perthes sur l’ancienneté de l’homme préhistorique.

Les savants français furent les véritables pionniers de l’archéologie en Palestine, avant que leurs confrères anglo-saxons ne jouent un rôle prédominant. Lors de ses expéditions de 1851 et 1863, F. de Saulcy s’illustra en menant les premières fouilles. Il dégagea notamment le Tombeau des Rois, le plus grand monument funéraire de Jérusalem, qu’il attribua à tort à David et Salomon. Il fut aussi reconnu pour ses recherches numismatiques. M. de Vogüé étudia l’architecture des Eglises de la Terre sainte et du Temple de Jérusalem, qui fut ensuite étudié par Ch. Wilson et Ch. Warren. Les premières prospections systématiques furent conduites par V. Guérin, puis par Cl. R. Conder et H. H. Kitchener. Enfin, Ch. Clermont-Ganneau s’est rendu célèbre par ses découvertes épigraphiques mais aussi en démasquant les premiers objets confectionnés par des faussaires.

Les institutions archéologiques firent progressivement leur apparition, à commencer par le Palestine Exploration Fund (1865), puis les écoles française (1890), américaine (1900) et allemande (1990). Avec le début du XXe siècle commençaient les grandes fouilles pluriannuelles à Gezer, Megiddo, Samarie ou Jéricho. La dynamique s’accentua durant le Mandat britannique de l’entre-deux-guerres qui vit la création du Département des Antiquités et du musée Rockefeller, alors que les fouilles se poursuivaient et se multipliaient, certaines conduites par des archéologues locaux. La période fut aussi caractérisée par l’activité grandissante des préhistoriens, dont le français R. Neuvillle, et le début de l’archéologie islamique (fouilles du palais Hisham à Jéricho).

A partir de la fin du XIXe siècle, l’archéologie française, prioritairement active en Égypte, en Syrie et au Liban, fut représentée en Palestine par les dominicains de l’École biblique de Jérusalem, notamment les pères Lagrange, Vincent et Abel, qui obtinrent une reconnaissance internationale grâce à l’excellence de leurs travaux, menés avec des moyens limités (ce n’est qu’après la seconde guerre mondiale que la France finança de grandes fouilles).

Mosquée El-Aksa, détails de la coupole

Mosquée El-Aksa, détails de la coupole, In: Le Temple de Jérusalem, monographie du Haram-Ech-Chérif

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