Arts décoratifs et chinoiseries

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Si la séduction que la Chine exerça sur les imaginations atteignit son apogée en France au XVIIIe siècle, elle n'était cependant pas nouvelle. La création en 1664 de la Compagnie des Indes Orientales puis celle de la Compagnie de Chine initiaient déja des passions chez les curieux, grâce à l'instauration d'un commerce direct.

Les grands de la Cour possédaient à profusion meubles et coffrets de laque, porcelaines, étoffes, peintures et autres objets de la Chine et du Japon.Parmi ceux qui contribuèrent à l'épanouissement de cette mode, le Cardinal Mazarin fait figure d'instigateur. Différents inventaires ou récits (Les "Mémoires" de Mlle de Montpensier, par exemple) nous renseignent sur la richesse de ses collections. L'"Inventaire de tous les meubles du Cardinal Mazarin dressé en 1653" mentionne des meubles "en bois de la Chine", des tapis "façon de la Chine", de étoffes somptueusement décorées, notamment "quatre pièces entières de brocard de la Chine à fonds d'or" et même "deux pièces de serge de soie de plusieurs couleurs, façon de la Chine faites à Paris".

En outre, l'étude minutieuse des Inventaires Royaux du règne de Louis XIV confirme l'importance des objets chinois à Versailles et en particulier des laques. Dans le "Journal concernant le Garde Meuble de la Couronne et Maisons royales" qui fut rédigé entre 1666 et 1672, les meubles "vernis de la Chine" apparaissent dès les premières pages. Quant à l'"Inventaire des Meubles du château de Versailles, vérifié en juillet 1708", il donne des descriptions assez précises dont voici deux exemples: "un paravent de huit feuilles de gaze fine de la Chine fond bleu, peinte de terrasses, arbres et fleurs à la chinoise avec poules, coqs, perroquets et autres oiseaux de couleurs naturelles en relief dans une bordure de carton rouge chargée d'animaux et ornements dorés en relief, doublé de papier doré assemblé par bandes de satin bleu" ou encore: "un beau paravent de douze feuilles de bois de lac fond vert et or, représentant fleurs, terrasses, arbres et oiseaux de la Chine, de diverses couleurs, dans une bordure fond noir chargée de vases d'or et fleurs de plusieurs couleurs, aux oiseaux d'argent et dragons d'or, le tout creusé; le derrière noir". Comment ne pas penser aux feuilles de paravent qui furent utilisées pour la fabrication du médaillier en laque de  Coromandel de J. Pellerin?

Un événement extraordinaire avait stimulé l'engouement général pour tout ce qui venait de la Chine; ce fut la visite que les ambassadeurs de Siam firent à Louis XIV en 1686. L'abbé de Choisy qui avait participé, avant le voyage, au choix des cadeaux, écrivait dans son journal: "7 novembre: La liste des présents ne finit pas, on en apporte toujours de nouveaux". "9 novembre: Nous avons commencé ce matin le mémoire des présents du Roi. Ce sera un livre..." Il est vrai que le nombre et la richesse des pièces d'orfèvrerie, des objets d'écaille, des étoffes, des tapis, des porcelaines, des meubles de laque, étaient considérables. Le roi de Siam avait envoyé tous les plus beaux meubles de son Palais et les cabinets, coffres, tables, écritoires, paravents, se comptaient par vingtaines. Les présents qu'apportèrent les ambassadeurs étaient d'une telle magnificence que la Cour et la province en furent émerveillées.

L'idée vint alors, en 1670, de construire à Versailles un Trianon de porcelaine, entièrement décoré à la chinoise. En outre, dans tous les châteaux royaux, il y avait des appartements meublés à la chinoise et de fantastiques fêtes chinoises étaient organisées à l'occasion desquelles le roi et les personnages de la Cour s'habillaient en chinois. Après le carnaval de février 1700, le Mercure Galant assura qu'on ne s'était jamais mieux diverti. Les fêtes débutèrent à Marly par un divertissement intitulé "Le Roy de la Chine"puis, parmi d'autres manifestations, on dégusta, quelques jours plus tard, un buffet à la chinoise d'un somptuosité inouïe.

Légende de l'image : Manufacture Chapillon. Papier peint à motif répétitifen arabesque à un chemin alternant une chinoiserie à deux personnages prenant le thé et des volutes de feuilles d'acanthe.

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