Olga Boznańska (1865-1940)

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Olga Boznańska, l’une des artistes polonaises les plus remarquables de la fin du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle vit à Paris à compter de 1898.

Enfance et jeunesse

Olga Boznańska naît en 1865 à Cracovie. Son père, ingénieur, est issu d’une famille noble aux traditions insurrectionnelles et patriotiques. Sa mère, française, est professeure de français. Olga a une sœur cadette Izabela, avec qui, toute sa vie, elle entretiendra un lien affectif fort et complexe. Les parents donnent à leurs filles une éducation de haut niveau. Douée pour le dessin, Olga prend des cours auprès d’artistes renommés de Cracovie. Elle étudie également au cours supérieur pour les femmes d’Adrian Baraniecki, au département d'art dont le programme comprend les enseignements nécessaires à la formation artistique académique: dessin d’après nature, anatomie, peinture et histoire de l'art.

Départ pour Munich

En 1886, Olga part poursuivre ses études à Munich où une importante colonie de peintres polonais est établie de longue date. Leur chef de file incontestable est le peintre Józef Brandt, ami de la famille Boznański. Brandt et d’autres artistes de ce milieu soutiennent la jeune artiste. Comme l'Académie des Beaux-Arts n’admet pas les femmes, elle suit des cours dans les ateliers privés de Carl Kircheldorf et de Wilhelm Dürr. Cependant, elle devient rapidement une artiste indépendante. En 1889, elle loue son propre atelier. Elle mène une vie sociale intense, reçoit chez elle et elle est souvent invitée,  elle entretient des contacts avec de nombreux artistes étrangers séjournant à Munich. Elle envoie régulièrement ses tableaux à des expositions à Cracovie, Varsovie, Lvov, Prague, Vienne, Berlin, Londres et Paris.
La période munichoise de Boznańska est considérée par elle-même comme la plus importante de sa vie artistique. C'est alors qu'elle affirme son propre style, qu’elle développera ensuite tout au long de sa carrière, elle fixe aussi sa palette aux couleurs très caractéristiques. À Munich, elle peint des portraits, des images d'enfants, des scènes de maternité, des natures mortes et son atelier.

Inspiration

Parmi les maîtres anciens, Boznańska apprécie particulièrement le peintre espagnol Diego Velázquez (1599-1660), dont elle a l'occasion de voir les peintures lors de ses voyages à Vienne et à Paris.
Les expositions à Munich lui permettent de découvrir les œuvres de James Abbott McNeill Whistler (1834-1903) et d’Édouard Manet (1832-1883) qui seront pour elle une importante source d’inspiration. Dans ses œuvres de la période munichoise, on décèle un engouement pour la poésie symboliste de Maurice Maeterlinck (1862-1949).

Cette fascination transparaît dans son tableau Orangerie=W Oranżerii (1890, MNW) qui serait inspiré par le recueil Serres chaudes du poète belge.
Comme beaucoup d'artistes de son époque, Olga Boznańska est influencée par l'art japonais. Cette empreinte se révèle à la fois dans la composition de certaines œuvres inspirées par de gravures sur bois japonaises, ainsi que dans les attributs (les ombrelles et les éventails japonais, par exemple) présents dans de nombreuses peintures (Japonaise=Japonka, 1889, MNW).

Certains critiques français trouvent chez Boznańska, notamment dans ses portraits de femmes avec enfants, une influence d’Eugène Carrière (1849-1906), peintre très populaire à l’époque. De son côté l'artiste affirme que parmi les peintres français ses contemporains, Édouard Vuillard (1868-1940) est celui qu’elle apprécie le plus.

Paris

En 1898, Olga Boznańska s'installe définitivement à Paris. C’est en artiste confirmée qu’elle arrive à Paris. Dès son arrivée et jusqu'à l’éclatement de la Première Guerre mondiale, elle remporte un vif succès, reçoit commandes et prix. Son atelier est visité par des émigrés polonais et des artistes.
De Paris, elle envoie aussi ses tableaux à des expositions à Cracovie, Londres, Berlin, Vienne, Prague et Lvov.
L'une des manifestations les plus importantes auxquelles elle participe avant le début de la Première Guerre mondiale, a lieu en 1909 au Petit Musée Baudoin : Cent tableaux. L’exposition des « Mademoiselles », où elle présente trente œuvres.

Même si les sujets de ses œuvres restent les mêmes : portraits, natures mortes, intérieurs d’atelier, son art évolue. La surface des tableaux devient plus vibrante, et dans les portraits, le modèle et l'espace qui l'entoure forment une unité. Les portraits d'Olga Boznańska sont peaufinés minitieusement, parfois pendant de longs mois, et s’accompagnent de nombreuses séances de pose. Le principe fondamental de son art de portrait est la vérité psychologique, dans l’expression de laquelle elle atteint une véritable maîtrise. "Mes tableaux ont l’air formidables parce qu'ils sont vrais et honnêtes", écrit-elle à une amie en 1909.
S’ils ne flattent pas les goûts de tout le monde, ils trouvent néanmoins de nombreux admirateurs.

La Première Guerre mondiale marque un tournant dans la vie de Boznańska. Elle passe cette période à Paris. Dans l'entre-deux-guerres, elle travaille toujours beaucoup, mais vit en marge de la vie artistique, peu intéressée par les nouvelles tendances de l'art ou par l’actualité. Elle peint des portraits d'artistes, de critiques, d'écrivains, d’hommes politiques et d'industriels.
En 1930, elle se rend à Cracovie pour la dernière fois. Les années suivantes sont très difficiles. Sa soeur Izabela se suicide, les problèmes financiers s’aggravent, et elle vit dans un dénuement total. Elle meurt à Paris le 26 octobre 1940 et elle est inhumée au cimetière polonais de Montmorency, près de Paris.

Une grande dame de la peinture

De nombreuses anecdotes circulent sur Olga Boznańska. Elle aurait, dit-on, apprivoisé des souris qui vivaient dans son atelier où elle menait une vie recluse, retirée du monde et arborant un style vestimentaire datant de 1900… Néanmoins, elle a laissé un souvenir d’une femme distinguée et d’une grande noblesse de caractère
À une époque où de nouveaux courants voient le jour, Boznańska reste fidèle à elle-même et à ses choix artistiques personnels, sans se laisser influencer par des modes. Ses portraits enchantent encore aujourd'hui par un sentiment de silence, de paix et la vérité des représentations

 

Légende de l'illustration : Autoportret. O. Boznańska. 1906

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