Fille de Charles III de Nevers (futur Charles Ier duc de Mantoue) et de Catherine de Lorraine-Mayenne, convoitée par Cinq-Mars qui voulait l’épouser, elle devient reine de Pologne par son mariage en 1646 avec le roi polonais Ladislas IV Vasa et, après la mort de celui-ci, avec son frère cadet le roi Jean II Casimir Vasa en 1649.
Les premières noces royales avec Ladislas IV Vasa
En 1644, la reine Cécile Renée d’Habsbourg, épouse du roi de Pologne Ladislas IV Vasa disparaît. Souhaitant affaiblir la domination des Habsbourg en Europe, le cardinal Mazarin intervient alors pour proposer au roi de Pologne de prendre pour épouse la princesse de la maison de Nevers : Louise-Marie Gonzague-Nevers. Le mariage par procuration est contracté le 5 novembre 1645 à Paris et ce n’est que le 10 mars 1646 que la cérémonie en présence des deux époux a lieu à Varsovie. Le décès du roi en 1648 met fin à cette courte union suivie d’un veuvage tout aussi bref.
Les secondes noces royales avec Jean II Casimir Vasa
Le 30 mai 1649, Louise-Marie épouse Jean Casimir Vasa, le nouveau souverain de Pologne, demi-frère du défunt. Intelligente, intransigeante, passionnée par la politique et les intrigues de cour, la reine exerce une grande influence sur le roi, ce soutien étant souvent empreint de manipulation.
Elle jouit d’une grande popularité à l’époque du « déluge », nom donné à une série de guerres (1655-1660) lors desquelles la Pologne se trouve submergée par les armées étrangères qui l’attaquent de toutes parts, la pillant et la laissant exsangue. La reine fait alors preuve d’un grand courage mais par la suite, ses interventions politiques lui valent de nombreuses critiques.
Gaspard de Tende (1618-1697) – courtisan, homme des lettres, aventurier
Parmi les nombreux Français que Louise-Marie fait venir en Pologne se trouve Gaspard de Tende, un gentilhomme pour qui ce départ vers un pays lointain est synonyme d’aventure et de possibilité de faire carrière. Latiniste, auteur d’un ouvrage sur la traduction, il exerce diverses fonctions à la cour de Louise-Marie et de son second époux Jean Casimir. Au cours de son séjour de plus de vingt ans, il sera un observateur attentif de ce pays qu’il décrit dans sa Relation historique de la Pologne (1686) sous le pseudonyme de Sieur d’Hauteville. Il y présente les aspects administratifs, sociaux, économiques et politiques de la République des deux Nations et consacre une large part aux mœurs polonaises.
« Politique des mariages » de la reine Louise-Marie
La reine arrive en Pologne accompagnée de nombreuses Françaises. Dans cette cour, il faut distinguer Renée du Bec-Crespin, maréchale de Guébriant, « ambassadrice extraordinaire » de la reine. Louise-Marie favorise ses compatriotes et nourrit le dessein de mettre en place un réseau d’influence français. Elle comprend très vite l’importance politique des mariages de ses dames de compagnie avec les représentants des grandes familles polonaises. L’exemple le plus illustre est celui de sa suivante Marie Casimire Louise de La Grange d’Arquien (1641-1716), (surnommée affectueusement Marysienka) avec Jean Zamoyski en premières noces puis, après la mort de celui-ci, avec Jean Sobieski élu roi de Pologne en 1674 en tant que Jean III Sobieski.
La mode française à la cour polonaise
A son arrivée en Pologne Louise-Marie introduit les costumes français à la cour. Les femmes osent décolletés profonds et chevelures bouclées ornées de perles. Elles se poudrent et se maquillent, se font belles et coquettes. Ces frivolités ont laissé une trace dans la poésie polonaise du temps où elles font l’objet de commentaires parfois enthousiastes parfois indignés. A ce propos, l’un des plus célèbres poètes polonais du baroque, Jan Andrzej Morsztyn, épousera l’une des suivantes de la reine.
La reine – la femme savante
La reine Louise-Marie a reçu une très bonne éducation. Ses centres d’intérêt sont multiples et variés : la poésie, l’histoire, les sciences de la nature, la médecine, l’astronomie, la physique, le polonais, le français, les langues orientales et bien évidemment la politique. Sa « cour savante » est peuplée de scientifiques et artistes français et polonais.
Conformément au modèle français, les femmes y occupent une place importante, participant activement aussi bien aux récréations qu’aux discussions scientifiques.
Première gazette polonaise
L’entourage de la reine Louise-Marie est à l’origine de l’éphémère (janvier-juillet 1661) u Merkuriusz Polski Ordynaryjny, la première publication périodique polonaise, inspirée de la célèbre « Gazette » de Théophraste Renaudot et dont le titre fait référence à Mercure, messager des dieux dans la mythologie romaine. L’ambition d’informer sur tous les événements dignes d’attention en Pologne et en Europe se double de la volonté d’être le chantre de la politique de la cour.
La reine Louise-Marie et les ordres religieux français en Pologne
Louise-Marie fait venir en Pologne trois ordres religieux nouvellement créés en France et constituant l’avant-garde de l’Eglise Catholique de l’époque. L’ordre de la Visitation de Sainte-Marie, fondé en 1610 par Saint François de Sales et Sainte Jeanne-Françoise de Chantal, a pour but l’éducation des jeunes filles ; la congrégation de la Mission, créé en 1625 par saint Vincent de Paul et Les Filles de la Charité, fondé également par saint Vincent de Paul s’occupent des pauvres, des malades et de l’éducation. Ces trois ordres continuent d’œuvrer en Pologne aujourd’hui.
Jean II Casimir Vasa en France
Apres le décès de son épouse et las de la révolte de la Diète, le roi Jean II Casimir Vasa abdique en 1668 et se retire en France deux ans plus tard. Louis XIV lui accorde les abbayes de Saint-Germain-des-Prés, de la Trinité à Fécamp et de Saint-Martin de Nevers. Décédé en 1672, il est inhumé dans la Cathédrale du Wawel à Cracovie. Son cœur reste conservé à l’église de Saint-Germain-des-Prés à Paris où l’on peut toujours voir son imposant cénotaphe.
Publié en août 2017