La Chine en miniature ou choix de costumes, arts et métiers de cet empire.

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Les collections chinoises d’un ministre de Louis XVI dévoilées par un polygraphe.

L’empire du Milieu n’est guère accessible aux sujets de l’empereur Napoléon lorsqu’en 1811 Jean Baptiste Joseph Breton, dit Breton de La Martinière (1777-1852), publie les quatre premiers volumes de La Chine en miniature. Non sans une pointe d’humour, ce titre peut aussi bien s’appliquer au format de l’ouvrage qu’à une part majeure de son contenu, ainsi qu’à la documentation qui en est à la fois la source essentielle et la raison d’être. Le livre n’est en effet pas le fruit d’une expérience personnelle : son auteur n’a pas été en Chine. Mais sa genèse n’en est pas moins originale.

Né à Paris, fils d’un lieutenant général civil et criminel au bailliage de Pont-à-Mousson, Jean Baptiste Joseph Breton avait été initié, au début de la Révolution, à l’art de la sténographie, arrivé d’Angleterre, ce qui devait en faire un professionnel de la diffusion de l’information et des connaissances. Engagé en 1792 pour sténographier les débats de l’Assemblée, activité qu’il exercera, au fil des régimes, jusqu’en décembre 1851, il recueille également la teneur des grands procès et des cours des savants. Traducteur-interprète près les tribunaux pour l’anglais, l’allemand, l’italien, l’espagnol, le hollandais et le flamand, il traduit et publiera parallèlement, principalement de l’anglais et de l’allemand, une trentaine d’ouvrages historiques, de récits de voyage et de romans.

Ayant entre autres publié, en 1804, une traduction du Voyage en Chine et en Tartarie de lord Macartney et, en 1807, une traduction du Voyage en Chine de John Barrow, autre relation de la même ambassade, Breton livre donc, en 1811, chez le libraire parisien Antoine Nepveu, les quatre tomes et quatre volumes de La Chine en miniature, ou choix de costumes, arts et métiers de cet empire, représentés par 74 gravures, la plupart d'après les originaux inédits du cabinet de feu M. Bertin, ministre ; accompagnés de notices explicatives, historiques et littéraires, imprimés par Demonville. L’objet est en effet d’assurer, par la gravure, une large diffusion à quelque 400 dessins originaux et peintures provenant des collections chinoises accumulées, entre 1764 et 1790, par le secrétaire d’Etat Henri Léonard Bertin (1720-1792), précurseur des échanges scientifiques et techniques entre la France et la Chine. Ayant acquis cet ensemble exceptionnel en 1792 lors de la dispersion des biens de Bertin, Antoine Nepveu a chargé Breton d’en assurer le commentaire. A cette fin, celui-ci s’est appuyé sur d’abondantes lectures, dont la documentation réunie pour ses précédents ouvrages ayant trait à la Chine, en confrontant les différents témoignages. En dehors de quelques notices générales, chaque tome est essentiellement formé d’une succession de planches, suivies chacune d’un commentaire de quelques pages. Gravées de manière à pouvoir être coloriées, au grand bonheur des bibliophiles, la plupart des planches représentent des personnages, des métiers, des procédés, des instruments ou encore des supplices : l’empereur, des mandarins, des soldats, un lama, un bonze, le « tour pour travailler la porcelaine », la « récolte du thé par les singes », la « fabrication de l’encre de Chine », la « punition infligée à un interprète », etc. Le succès des quatre tomes parus en 1811 décide Nepveu et Breton à faire paraître, en 1812, un cinquième et un sixième tomes, imprimés par Lenormand, sous le titre spécifique Coup d’œil sur la Chine, qui se distingue notamment par la présence de six dépliants visant à reproduire, dans leur longueur, des peintures sur rouleau représentant des cortèges.
 

Légende de l'image : Fêtes de l'agriculture, in La Chine en miniature, ou Choix de costumes, arts et métiers de cet Empire. Tome 1."

 

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