Ducler, Philippe Étienne (1778-1840)

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Philippe Étienne Ducler (1778-1840), administrateur colonial à Karikal, dans les Établissements français de l’Inde, constitua en quelques années une collection de manuscrits tamouls et de gouaches, illustrant divers sujets, qui sont aujourd’hui un des fonds indiens les plus intéressants de la BnF.

 

Biographie

Philippe Étienne Ducler naît le 9 juillet 1778 à Paris, dans une famille de maîtres rubaniers. Il rejoint la marine en 1814 en tant que personnel civil. D’abord employé au dépôt des cartes et plans, il quitte le service public le 29 février 1816 pour trois ans afin d’accompagner le Duc de Luxembourg au Brésil. De retour en France en novembre 1818, il est affecté par ordonnance royale du 31 mars 1819 à la Guadeloupe avec le grade de sous-commissaire de marine. Il remplit à Basse-Terre les fonctions de Directeur de l’intérieur et des habitations royales non-affermées.

Le 30 octobre 1823, une ordonnance de Louis XVIII le nomme commissaire de marine de seconde classe et l’affecte à Pondichéry pour y être ordonnateur. Toutefois, son départ effectif pour l’Inde n’est décidé que l’année suivante, par ordonnance du 13 octobre 1824 le nommant finalement administrateur de Karikal. Avant de quitter la métropole, il adhère à la Société Asiatique où il est présenté lors de la séance du 6 décembre 1824 (S.n. 1824). Au cours de son séjour en Inde, il est nommé chevalier de la Légion d’honneur.

En 1831, Philippe Ducler quitte Karikal pour un congé de santé. À l’issue de celui-ci, il n’est pas renvoyé en Inde mais affecté au port de Cherbourg le 11 novembre 1833. Promu au grade de commissaire de première classe le 1er janvier 1834, il termine sa carrière à Dunkerque où il dirige le service de la marine du 1er janvier 1835 jusqu’à sa mort. Il décède le 23 juillet 1840, vraisemblablement des suites d’une maladie tropicale.

Les manuscrits sur feuilles de palme

Le 22 juillet 1833, la future BnF acquit 28 objets de « Duclere », à savoir une « Collection de manuscrits indiens sur olles en caractères tamouls & de gouaches achetés pour le prix de 8000 fr » (R 68-95). Les 27 manuscrits sur ôle (feuille de palme) du lot (R 68-94) font l’objet d’une brève description tirée probablement de Burnouf (1832, B 1-38), qui, de son côté, compte 39 manuscrits (car il attribue un n° propre à chacun des volumes séparés d’un même ouvrage). Au total, on dénombre donc 35 manuscrits sur feuille de palme), contenant 43 ouvrages différents : 12 manuscrits à texte unique ; 6 recueils ; 5 ouvrages en plusieurs volumes, soit 17 manuscrits.

Burnouf (1832, p. 84-85) donne des précisions sur la façon dont Ducler constitua sa collection : Ducler engagea un savant hindou, qui avait été à son service et se trouvait incarcéré pour une « faute grave », afin de copier, contre salaire, « les ouvrages les plus estimés de la littérature brahmanique » que des « brahmanes instruits » eurent le loisir de lui communiquer au sein même de sa prison.

Les ouvrages en tamoul sont majoritaires. Ducler prit soin de commander des copies d’ouvrages élémentaires ou classiques en tamoul. On notera également le texte de deux « tragédies » (R 81-82 = B 25-26 = Indien 397 et 495) représentées à Karikal en 1829 selon Burnouf (1832, p. 89). Seuls le Dharmaśāstra (R 92-93 = B 36-37) et le Yajurveda (R 94 = B 38) sont en sanskrit.

Tous ces manuscrits, sauf le Dharmaśāstra, ont pu être identifiés dans les collections de la BnF, notamment grâce à Vinson (1867) et Cabaton (1912). Grâce aux efforts conjugués du département des manuscrits orientaux de la BnF et de projets financés (NETamil et TST), la plupart sont désormais numérisés (ou en passe de l’être) et consultables sur Gallica en haute définition. On trouvera ci-dessous leur liste avec les cotes identifiées et les liens, le cas échéant, vers leurs images numériques (sur Gallica) et leurs descriptions faites dans le cadre du projet TST.

Les manuscrits de Ducler offrent plusieurs particularités :

  • leurs ais, en bois précieux, sont finement réalisés.
  • les feuilles de palme proviennent de Ceylan (Burnouf 1832, p. 85).
  • la foliotation est double (chiffres tamouls et arabes).
  • certaines pages sont en caractères latins (transcription des titres originaux, court résumé français du contenu).
  • la date de copie en ère chrétienne (1828 et 1830 pour la majorité) est généralement donnée en fin de manuscrit.
  • chaque manuscrit est accompagné d’une note en français sur papier libre (Burnouf 1832, p. 85).

Les albums d’illustration

Outre les manuscrits sur feuille de palme, Ducler vendit également à la BnF un ensemble exceptionnel de gouaches sur papier (R 95 ; Burnouf 1832, p. 86), soit, selon le registre de la BnF, 394 gouaches réparties en 5 séries. L’ensemble fut relié en 3 volumes, sous Napoléon III (comme l’atteste le monogramme de la tranche), portant les cotes Indien 743, 744, 746.

Le nombre total de gouaches est en fait 404, le registre de la BnF comptant par erreur 194 gouaches au lieu de 204 pour les castes et professions. Chaque illustration comporte une légende bilingue (tamoul et français) suivie de la date 1831 (en bas, à gauche, dans le cartouche de la légende).

Cet ensemble unique présente un intérêt iconographique et ethnographique certain avec ses représentations de divinités, de castes et professions, d’agents indiens de l’administration coloniale de Karikal, de scènes de la vie quotidienne et de fêtes.

La série des divinités compte 108 gouaches, divisées à parts égales entre thèmes vishnouites et shivaïtes. Deux peintres distincts ont exécuté ces œuvres, chacun s’étant chargé d’une orientation cultuelle. Les groupes les plus importants de la série sont ceux des avatāra de Vishnu, des formes principales de Shiva et des aṣṭadikpāla, les huit gardiens des directions de l’espace.

Les peintures de divinités comprennent majoritairement des dieux panindiens, mais l’intérêt de ces œuvres réside aussi dans la place qu’elles accordent aux divinités locales. Le recueil Indien 744 comprend ainsi des représentations de dieux de village autochtones et de statues de culte abritées dans des temples tamouls.

 

Cette notice est le résultat du travail commun des deux auteurs dans le cadre du projet TST financé par l'ANR.

Publié en janvier 2022

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