Les premiers journaux à paraître au Moyen-Orient résultèrent d’initiatives étrangères et non locales. Dès la fin du XVIIIe siècle, dans le cadre de l’effort de propagande du gouvernement révolutionnaire, les Français publièrent en français les premières gazettes.
En 1795 paraissait sur les presses de l’ambassade de France à Constantinople un Bulletin des nouvelles, suivi de la Gazette française de Constantinople. Il s’agissait des premiers journaux imprimés au Moyen-Orient.
L’occupation de l’Égypte mit fin à la publication du journal français d’Istanbul, mais Bonaparte apporta au Caire deux presses équipées de caractères arabes, grecs et français. Le 12 Fructidor de l’an VI (29 août 1798), les Français imprimaient le premier numéro du Courrier d’Égypte qui, paraissant tous les cinq jours, rendait compte des nouvelles locales et parfois européennes. Cent seize numéros furent en tout publiés. Ce bulletin, ainsi que La Décade égyptienne, étaient rédigés exclusivement en français. En 1800, paraissait le premier journal en langue arabe, Al-Tanbîh (L’avertissement), dont la publication fut de courte durée.
Le premier périodique à paraître régulièrement fut la gazette officielle, Al Waqaye‘ al Misriya (Les événements égyptiens) dont le premier numéro sortit au Caire le 20 novembre 1828. Son équivalent ottoman, le Takvim-i Vekâyi vit le jour en 1831. Ce dernier fut le seul journal en langue turque jusqu’à la création, en 1840, par l’Anglais William Churchill, du premier journal non officiel sous forme de bulletin hebdomadaire, le Djeride-i havadis (Gazette des événements).
À côté de nombreux titres en français (Journal de Constantinople, 1830 ; Courrier de Constantinople, 1845 ; Stamboul, 1865 ; Phare du Bosphore, 1870), en anglais (Levant Herald, 1856 ; Le sphinx égyptien, 1859 ; The Egyptian Messenger, 1870), en italien (surtout à Alexandrie), rédigés parfois en éditions bilingues, des journaux sont édités par les diverses communautés grecques, arméniennes et juives.
Apparaissent progressivement des « journaux d’opinion », dont les plus connus sont respectivement pour les Turcs : Vakit (Le temps, 1875), Terdjuman-i Hakikat (Interprète de la vérité, 1878), et pour les Égyptiens : Al Ahram (Les Pyramides, 1875). La presse humoristique se développe dans les années 1850 pour les journaux en arménien, et au début des années 1870 pour les feuilles turques et égyptiennes. Ces feuilles satiriques, rédigées en langue vulgaire et illustrées de nombreuses caricatures, connurent un énorme succès.
Les premiers journaux illustrés virent le jour à la même époque et, pour le grand public, parurent des magazines illustrés comme le très officiel Musavver Malumat (Connaissances illustrées, 1895) qui prétend jouer le rôle de la revue française L’Illustration. Il existe aussi toute une presse féminine, dont la lecture eut de l’influence sur l’émancipation des femmes.
Au début du XXe siècle, on assiste à une véritable explosion de la presse. Entre 1907 et 1909, le nombre de périodiques passe de 120 à 730 pour l’ensemble de l’Empire ottoman, et de 52 à 377 pour Istanbul. Au Caire, en 1937, on cite le chiffre de 200 périodiques en langue arabe et 65 en langue étrangère, dont 45 en français ; à Alexandrie, il est question de 20 titres français sur 31 titres étrangers. L’Égypte compte ainsi plus de 300 périodiques rédigés dans une dizaine de langues.