Résidences impériales

Accéder aux documents

La demeure du Fils du Ciel, selon la cosmologie chinoise, est la projection terrestre du palais céleste, et ainsi le point d’ancrage de l’organisation spatiale de tout territoire.

Remontant à l’antiquité, cette conception rituelle propose un modèle idéal, qui place la résidence impériale au centre de neuf enceintes concentriques, de sorte qu’il faille franchir neuf portes, de la frontière du pays au domaine intime du palais, avant de parvenir à la chambre de l’empereur.

De la Cité interdite aux palais d’été

Sur la forme architecturale que doit prendre la résidence impériale, les Chinois oscillaient souvent entre deux idées. La première insistait sur la sobriété et la bonne vertu du  gouverneur suprême, et la deuxième sur la monumentalité censée incarner la légitimité du pouvoir dynastique. Dans cette perpétuelle quête d’un point d’équilibre, les considérations morales et rituelles l’emportaient souvent sur la recherche du confort : la sobriété se traduisait par une disposition rigide et régulière des espaces intérieurs, alors que la monumentalité règlementait strictement le nombre des travées jian et la forme des toits. Sous la plupart des dynasties, la résidence principale du monarque présentait une forme hautement figée, enclose de murs et organisée de façon symétrique autour d’un axe central toujours orienté face au midi.

La tradition de fonder un domaine impérial à l’extérieur de la capitale, situé près des terrains de chasse et comprenant des jardins à grande échelle, remonte à l’époque des Han (206 av.-220 ap. notre ère). Là, il était possible d’échapper en partie à ces contraintes rituelles. L’empereur, qui y passait les mois les plus chauds de l’année, pouvait y laisser libre cours à ses ambitions et desseins architecturaux. Cette tradition parvint à son apogée sous les Qing (1644-1911), qui commencèrent à aménager, dès la fin du XVIIe siècle, une série de palais d’été dans la banlieue nord-ouest de Pékin. Ce vaste réseau de résidences secondaires était composé de cinq grands yuan ou jardins impériaux, et de plusieurs dizaines de jardins privés destinés aux princes et aux grands mandarins. A partir du XVIIIe siècle, ces jardins devinrent le centre politique réel de l’empire, et la résidence principale de fait de la cour impériale, qui y séjournait plus de deux cents jours par an. Quant à la Cité interdite, le palais de l’empereur situé au centre de la capitale, elle ne fut plus que sa demeure hivernale. Il s’y trouvait à pied d’œuvre pour accéder aux principaux lieux de culte de Pékin, où les cérémonies du Nouvel An exigeaient sa participation en personne.

Le Yuanming yuan

Parmi tous les jardins résidentiels dans la banlieue nord-ouest de Pékin, le plus célèbre, vaste et riche fut le Yuanming yuan, ou Jardin de la clarté parfaite, plus connu en Occident sous le nom de Palais d’été. Il était lui-même composé de trois grands jardins, dont le principal, situé au centre, et destiné à accueillir les activités de la cour, était orné de quarante jing (vues), qui constituaient autant d’unités d’aménagement à la fois architecturales et paysagères, chacune concrétisant un sujet esthétique ou moral. Dès que ces quarante complexes furent établis, l’empereur Qianlong, estimant le Yuanming yuan définitivement achevé, ordonna en 1744 la réalisation d’une série de peintures représentant ces vues. La BnF conserve trois des nombreuses versions de ce fameux recueil : la version officielle, Poèmes illustrés sur les quarante scènes du Yuanming yuan, qui arriva en France à la suite de la Seconde guerre de l’opium, ainsi que deux autres, légèrement plus récentes (Différents palais et temples de l'Empereur de la Chine ; Haitien. Maison de Plaisance de l'Empereur de Chine ).

D’une disposition labyrinthique, le Yuanming yuan comportait non seulement des aménagements jardiniers à la chinoise, mais aussi un enclos séparé orné d’édifices et de jardins de style européen. Réalisé sous la direction de missionnaires français dont Michel Benoist (1715-1774), cet ensemble incarnait plutôt une réinterprétation chinoise de l’architecture occidentale, destinée avant tout à satisfaire la curiosité de l’empereur Qianlong pour l’art baroque et les jeux d’eau, et à le conforter dans l’idée d’une soumission universelle à la civilisation chinoise. Dès qu’il fut achevé, l’empereur commanda une série de vingt gravures sur cuivre pour le représenter (voir dans la présente rubrique un rare tirage de ces planches datant de la fin du XVIIIe siècle).

Le 18 octobre 1860, le Yuanming yuan, fut saccagé et incendié par les troupes anglo-françaises. Aujourd’hui, ces documents iconographiques conservés par la BnF sont l’une des sources majeures pour connaître le passé de ces résidences impériales.

Réduire l'article ^

Liste des documents

En savoir plus
 
  • Différents palais et...
  • Vues de l'une des maisons...
  • Haitien. Maison de...
 
 
Afficher tous les documents